LES DEUX À LA FOI

L’idéal religieux exprimé sur le mode du fanatisme a connu une fulgurance particulièrement troublante durant ces dernières décennies. Dans LES DEUX À LA FOI, le jeune Mouhamadou Baldé fait preuve d’une maturité précoce en nous entraînant au cœur même des certitudes violentes qui déterminent l’attitude extrémiste d’une certaine jeunesse musulmane qui se croit investie de la haute mission de redresser tous les torts qu’on a fait subir à l’Islam. Mais Baldé sait qu’il est écrivain, et qu’à ce titre, il ne peut mettre de l’huile sur le feu. Aussi, ce roman peut-il à juste titre être perçu comme une œuvre d’une profondeur morale exceptionnelle, une histoire exigeante et lucide résolument dédiée à la pacification de l’espace inter-religieux. En mettant en scène des personnages aussi vivants qu’emblématiques, Baldé fait croiser dans les rues d’All-one autant de parcours antagonistes qui finissent par s’incliner et s’accepter dans une formidable apothéose. Un roman impropre à l’indifférence parce qu’écrit tambour battant avec l’encre si limpide de l’optimisme juvénile.